La sécurité est au cœur de la quasi-totalité des activités minières, et elle nécessite la vigilance constante des employés. Les entreprises cherchent des façons d’améliorer les comportements en matière de sécurité sur les sites de projets, mais l’abus d’alcool ou de drogues peut faire obstacle à cet objectif, en mettant en péril le bien-être des travailleurs et en perturbant les activités. La récente légalisation du cannabis au Canada compliquera davantage les problèmes de drogue et d’alcool contre lesquels les entreprises luttent déjà.
Bien que l’entreprise n’exerce aucun contrôle sur la plupart des facteurs qui contribuent à l’abus d’alcool ou de drogues, la nature même de l’industrie minière rend ses travailleurs particulièrement vulnérables à ce problème. Une étude menée aux États Unis par le Center for Disease Control a révélé que, proportionnellement, les taux de mortalité liés aux opioïdes et à la méthadone étaient les plus élevés dans les industries de la construction et de l’extraction, y compris les secteurs des mines, du pétrole et du gaz. Dans notre nouveau livre blanc, Zero Harm, un haut dirigeant en santé et sécurité d’une grande société de sécurité minière a fait écho à cette préoccupation au moment où sa société a commencé le dépistage de drogues : « les tests de dépistage de drogues révèlent aussi la présence de méthamphétamine ».
Trois facteurs aggravants
La main-d’œuvre dans le secteur minier est dominée par les hommes. En effet, les femmes en milieu de travail représentent seulement 19 % des professionnels miniers au Canada. Des études révèlent que les hommes sont plus susceptibles que les femmes de consommer des drogues illicites; ils sont aussi deux fois plus susceptibles de consommer souvent de grandes quantités d’alcool. Ces comportements ont d’importantes répercussions au travail. Et pire, les hommes sont moins susceptibles que les femmes de demander de l’aide. Ces statistiques donnent à réfléchir et suggèrent que le déséquilibre entre les sexes dans le secteur minier pourrait aggraver l’abus d’alcool et de drogues chez les travailleurs masculins.
Le secteur minier est fondamentalement isolé et exigeant sur le plan physique, avec des sites de projets situés en région éloignée. Loin de chez eux, les travailleurs passent des semaines sans avoir congé et ont peu d’occupations en dehors des périodes de travail. Cette situation a de fortes répercussions sur le plan psychologique, et elle crée un milieu propice à l’abus d’alcool et de drogues.
En plus d’être en proie à des problèmes psychologiques, les travailleurs sont soumis à un grand stress physique pouvant causer des blessures chroniques qui nécessitent des médicaments pour le traitement et la gestion de la douleur. Un cycle qui ouvre la voie à la toxicomanie et à la dépendance. Les personnes souffrant de problèmes de santé mentale sont deux fois plus susceptibles d’avoir des problèmes de consommation.
L’abus de drogues au pays du charbon
L’État de la Virginie-Occidentale est connu depuis longtemps comme le pays du charbon. En 2018, 78 % de la croissance de son PIB était attribuable au secteur minier. C’est aussi un excellent exemple de la manière dont le choc entre le secteur minier et l’épidémie d’opioïdes a créé de graves problèmes de santé publique. La Virginie-Occidentale est au troisième rang pour la prescription d’opioïdes, avec 138 prescriptions par 100 habitants, ce qui veut dire que certaines personnes consomment de multiples médicaments. En 2014, cet État a affiché le plus haut taux de décès par surdose aux États-Unis.
Des études universitaires mettent directement en cause les activités minières, « qui se sont révélées être un facteur déclencheur de l’abus d’opioïdes au moment de la libéralisation des pratiques de prescription, alors que les travailleurs tentaient d’éviter les blessures ». Plutôt que de recommander des approches à long terme, comme la thérapie et le repos, les médecins se sont tournés vers des solutions rapides de soulagement de la douleur, afin que les travailleurs puissent reprendre le boulot.
Favoriser une meilleure compréhension
L’abus d’alcool et de drogues est un problème de société qui n’est pas limité au secteur minier. Cependant, les conséquences de la surconsommation ne pardonnent pas, sur des sites où se trouvent de la machinerie et de l’équipement lourds ainsi que des matières dangereuses.
Les sociétés minières ont mis en place de solides mesures tactiques, comme des codes de conduite, des politiques et des tests, pour freiner le problème, avant qu’il ne se manifeste sur un site. Ces mesures suffisent peut-être pour que les sociétés respectent leurs obligations juridiques, limitent leur responsabilité et réduisent le nombre d’accidents au travail.
Le leadership comme indicateur principal – Se responsabiliser
Mais, les hauts dirigeants peuvent adopter une approche à long terme, axée sur la stratégie et l’empathie, en se penchant sur la véritable cause de la surconsommation, afin que le problème soit étudié du point de vue culturel. C’est alors qu’une formation de sensibilisation et des informations sur les effets des drogues courantes peuvent être cruciales. Elles inviteraient les travailleurs à participer à un dialogue constructif pour mieux comprendre le problème. Elles permettraient aussi d’éliminer les préjugés entourant la question et encourageraient les travailleurs à demander rapidement de l’aide et un traitement.
Il est important de garder en tête que les travailleurs miniers sont aussi des personnes, avec leurs propres difficultés et obstacles. Le travail en isolement sur les sites de projets ne fait qu’amplifier les problèmes. L’importance de la sécurité commence aux échelons supérieurs. Les hauts dirigeants transmettent cette notion aux travailleurs individuels.
Il est plus important que jamais d’intégrer le sujet des drogues et de l’alcool à des séances d’orientation et à des dialogues réguliers. Même si l’abus d’alcool et de drogues est un sujet très sensible, la sécurité des travailleurs et des sous-traitants passe avant tout.